Point de vue / La signature de l’architecte

A la fin du XIXe jusqu’au milieu du XXe, le probable « amour du travail bien fait » ou la simple fierté de l’oeuvre correctement accomplie, se traduisaient souvent sur les immeubles par le nom de l’architecte (parfois de l’entreprise générale ayant construit), gravé dans la pierre.
Robert Mallet Stevens faisait apposer une plaque de bronze avec une calligraphie typique de ce début de siècle sur ses constructions.
Ce « marquage » permet au minimum une « datation », sans carbone 14 des productions ! Il a disparu aujourd’hui même si l’Ordre des architectes en reparle parfois.
La signature de l’architecte, de façon plus subtile, tient aussi, après quelques réalisations, aux analogies constatées, à l’interprétation des thèmes, au traitement volumétrique ou à celui des détails constructifs, à l’élan parfois original mais qui confère aussi une spécificité, à l’expression de la pensée : tant de choses qui au premier regard permettent de dire « tiens, ça c’est Franck Gehry, Zaha Hadid , Mario Botta ou Renzo Piano », à la personnalité du concepteur. Elle est consubstantielle d’un certain talent, bien davantage que d’une inscription obligatoire à l’Ordre des architectes.
A l’opposé, selon la Loi de 1977 et ses derniers amendements, elle est obligatoire sur les formulaires de demande d’autorisation de travaux au delà d’un seuil de 150 m2 par exemple. Elle correspond alors à quelques garanties professionnelles, elle doit être une « reconnaissance de paternité » du projet concerné, et la notion éventuelle de l’oeuvre disparait derrière le « réglementaire » parfois. Elle ne fait pas de chaque architecte un artiste, elle témoigne du travail de réflexion, de conception, d’analyse, de synthèse nécessaire à l’élaboration du projet et ça n’est pas la moindre des contributions à l’amélioration de la production bâtie.
Elle témoigne de la responsabilité au sens noble du terme, de l’auteur du bâtiment, la présence du talent éventuel n’a que faire de la superficie du projet.
Tous éléments assumés, assurés sans négligence, sans complaisance (autre nom accolé à la signature dans le cas de tampons oubliés sur une table complice parfois !).

Gérard Fontaine, directeur du CAUE

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